Larressore du XVI au XIX siècle

Le  XVIème et XVIIème siècle :  évolution du territoire communal

Au tout début du XVIème siècle, la paroisse de Larressore se voit profondément remaniée. Elle s’étendait jusque-là de part et d’autre de la Nive, incorporant Halsou.

Les paroissiens d'Halsou, sur la rive droite, risquaient leur vie en traversant la rivière lors des crues pour se rendre aux offices, le bourg et son église étant situés sur la rive gauche.

C’est ainsi que la fille de la maison noble d'Uhaldea, à Halsou, se serait noyée lors d’une de ces traversées. Ses parents édifièrent une chapelle en 1506 et demandèrent la création d'une paroisse à l'évêque de Bayonne, Bertrand de Lahet. Celui-ci accéda à cette demande par la signature d’une charte à Bayonne le 28 août 1510. De là naquit la paroisse qui allait devenir la commune d’Halsou.

C’est à cette occasion qu’apparaît également le nom de Larressore, remplaçant celui de Ribeyrelongue.

Ce changement de dénomination (Larre : landes, associé à Sorro, champs) est le signe d’une extension de la commune vers les landes de l’ouest, s’étendant au-delà de la vallée de la Nive. Ce développement de la communauté agricole, est corroboré également par les créations de moulins sur le Latsa et la Nive à cette période.

Cependant, les guerres franco-espagnoles portent des coups d’arrêts successifs au développement de la paroisse. Il faudra attendre le traité des Pyrénées en 1659, qui mettra fin aux raids des troupes espagnoles pour que la stabilité s’installe durablement.

Le développement du port d'échouage et des tuileries de Larressore au XVIIème et XVIIIème

Les travaux fixant l’embouchure de l’Adour à Bayonne à la fin du XVIème siècle permettent la stabilisation de cette liaison établie au Moyen Age entre Bayonne et Pampelune via la Nive.  Le trafic fluvial connaît ensuite un développement au XVIIème et XVIIIème siècle.

Le port de Larressore se trouvait au quartier Portuita. Il assurait le relai entre les convois de muletiers venant de l’intérieur des terres, et de petites embarcations (halos, ou chalands) arrivant de Bayonne. Il fallait deux jours et demi de trajet pour rallier Bayonne à Pampelune en passant par Larressore.

D’autres activités économiques spécifiques à la commune se développent à cette époque.

La tuilerie s’exerce à travers différents ateliers répartis dans la commune. De 1755 à 1835, une cinquantaine d'hommes du village travaillaient à la fabrication de tuiles. Les tuiliers alternent, dans certains cas, une production à Larressore avec une période de travail dans des tuileries en Espagne.

La fabrication du makila remonte également à cette époque. Elle se mêlait à l'origine à celle de l'outillage du tissage.  La famille Ainciart-Bergara assurait cette production bien avant 1789, et celle-ci se poursuit encore de nos jours.

La création du séminaire et le rayonnement culturel de Larressore au siècle des Lumières

En 1733, l’abbé Daguerre fonde le séminaire de Larressore. Souhaitant que tous accèdent à l’éducation, il commence à prodiguer ses cours dans divers endroits, avant d’engager la construction d’un lieu dédié à l’enseignement. Entamant les travaux avec la population locale en contrepartie de l’enseignement gratuit, l’Abbé Daguerre doit cependant faire appel aux donations ; il réussit à obtenir du Duc D’Orléans, le frère du roi Louis XV, une dotation importante d’argent, ainsi que trois tableaux pour la chapelle du séminaire, et l’église de la paroisse. Par la suite, c’est du roi en personne, suite à une entrevue, qu’il recevra une aide pour achever les travaux.

Le séminaire ouvre ses portes en 1739. L’abbé Daguerre accueille les premiers élèves entourés d’une dizaine de professeurs, et dispense avec eux les cours de philosophie et de théologie.

Le collège de Larressore se développe rapidement, établissant des liens avec les diocèses environnants et bien au-delà, orientant ses élèves vers les universités espagnoles.

Plusieurs ouvrages de piété y sont rédigés en langue Basque, mais ce ne sont pas les seules oeuvres littéraires écrites à Larressore durant cette période.

Martin de Harriet, né à Larressore en 1714, publie à partir de 1741 différents dictionnaires Basque-Français, et des ouvrages permettant l’apprentissage croisé de ces deux langues.

Les bouleversements de la révolution et de l’Empire

Avec la fin du XVIIIème siècle arrive la transition de l’ordre ancien issu du Moyen Age vers la société moderne.  Déjà en 1782, quelques années avant la Révolution, la maison noble St Martin, criblée de dettes, vend ses terres et droits attachés à leur titre.

Avec la Révolution, ce ne sont pas seulement les privilèges de la Noblesse qui sont abrogés, mais aussi ceux des provinces ; ainsi, les droits spécifiques du Pays Basque sont refondus dans l’ensemble national, malgré les protestations du Biltzar, l’assemblée traditionnelle du Labourd, qui perd quant à lui tout rôle représentatif.

La Terreur en 1793 s’exerce sur le Labourd.  Certains habitants de Larressore sont exilés dans les Landes pour des raisons obscures, en lien avec leur opposition à la Révolution, ou peut-être liées à la fermeture du Séminaire, dont les prêtres durent s’exiler après avoir refusé de prêter serment à la Constitution.

En 1805, le cadastre de la commune est dressé. L’original est toujours consultable à la mairie.

Le Séminaire devient propriété de l’État. Il sert d’hôpital aux soldats blessés lors des guerres révolutionnaires puis impériales.

Celles-ci, éloignées de Larressore, y font dramatiquement irruption en 1813, après l’effondrement de l’occupation française en Espagne. Chassées par les coalisés après la défaite de Vitoria le 21 juin de cette année, les troupes françaises pillent Larressore dans leur repli le 9 juillet.

Le Maréchal Soult réorganise alors les troupes pour empêcher l’avancée des Coalisés, mais en octobre, l’armée du Général Wellington franchit la frontière, puis la Nivelle en novembre. Les troupes britanniques et portugaises s’installent à Larressore. 15 000 hommes se concentrent sur la commune et celle d’Ustaritz puis entre le 9 et 12 décembre, une nouvelle offensive permet le franchissement de la Nive (Halty « Episodes des guerres napoléoniennes au Pays Basque ».Ed. Cairn, 2013).

Contrairement à l’armée française, les troupes britanniques ne commettent aucunes déprédations sur la commune.